lundi 22 mars 2010

Courage et loyauté politique



Un jour on dira : tout a commencé là!


Le programme est ici.


19,1...BRAVO ET MERCI!

samedi 20 mars 2010

Leur écologie et la nôtre


Dans un excellent article intitulé "leur écologie et la nôtre", le regretté André Gorz débute sa réflexion sur l'illusion d'une écologie capitaliste, ou d'un capitalisme vert comme on dit, par cette affirmation : "L’écologie, c’est comme le suffrage universel et le repos du dimanche dans un premier temps, tous les bourgeois et tous les partisans de l’ordre vous disent que vous voulez leur ruine, le triomphe de l’anarchie et de l’obscurantisme. Puis, dans un deuxième temps, quand la force des choses et la pression populaire deviennent irrésistibles, on vous accorde ce qu’on vous refusait hier et, fondamentalement rien ne change."
A la limite pourrait-on dire l'essentiel est sauvé, à savoir le bien être des riches qui pourront manger des bananes bio venues en avion de République Dominicaine, s'habiller en coton bio produit par des agriculteurs exploités du Burkina Faso, profiter des déductions d'impôts, faire des économies d'énergie grâce à leur panneaux photovoltaïques et se déplacer en vélo dans des centres villes vidés des gueux et autres masses polluant leurs paysages.

Mais qui peut vraiment dire ce qui nous attend. Les volte-face de notre président converti il y a peu à l'écologie donnent le tournis.
Ainsi le 29 avril 2009 il affirmait «Il faut rendre constructifs (sic) les zones inondables.». Même replacée dans son contexte (discussion à propos du Grand Paris) l'objet de cette affirmation était bien de dérèglementer (qui en langage sarkozien signifie laisser au bon vouloir du marché) le domaine de l'urbanisme, de l'habitat et de la construction.
Or après la tempête Xynthia, le lundi 1er mars le même homme affirme qu'une «réflexion va être engagée sur le plan de l’urbanisme pour qu’une catastrophe de cette nature ne se reproduise plus» et "On ne peut pas transiger avec la sécurité"

Trois solutions : soit notre président ignorait les risques encourus, soit il est incompétent, soit il applique la politique du vent dont nous avons eu l'occasion de parler ici-même.

Arpentant les lieux du drame sous les caméras, en pleine campagne électorale et le regard plein de compassion Nicolas Sarkozy il s'exprime en ces termes: "il faut faire de toute urgence la lumière sur ce drame inacceptable et incompréhensible". Et d'exiger aussitôt un rapport, comme il en a l'habitude. On notera qu'il y a un art du rapport et du moratoire tout à fait délicieux ces temps-ci. Malheureusement ce rapport existe déjà. Il date de 2008 signé de Stéphane Raison, ingénieur des Ponts et appartenant à l'époque à la direction de l'équipement de Vendée. Il indiquait des risques majeurs pour les biens et personnes "parce que plus de 3000 maisons sont construites derrières ces digues en terre (...) sans tenir compte de la mémoire du risque", autrement dit en oubliant que régulièrement dans cette zone, la mer submerge les côtes et noie les îles. Pour information 100000 logements ont été construits en zone inondables entre 1999 et 2006.
L'ignorance faisant partie de la compétence il ne reste plus que l'hypothèse de la politique du vent, autrement dit l'opportunisme.

Et nous avons pu voir le masque tomber il y a quelques jours puisque à le 7 mars dernier à l'occasion d'un débat organisé par la FNSEA dans le cadre du Salon international de l'agriculture Nicolas Sarkozy tempête (il fait ça très bien) : "Je voudrais, au point où j'en suis, dire un mot de toute ces questions d'environnement par ce que là aussi ça commence à bien faire !... Il faut que ça change !". Le même homme qui le 25 octobre 2007 à l'occasion des conclusions du Grenelle de l'environnement affirmait : "Nous ne voulons pas d'une agriculture qui épuise nos sols, d'une agriculture qui utilise de façon croissante des produits chimiques dangereux… Il est grand temps de prendre au sérieux l'usage croissant de produits pesticides, dont nos agriculteurs sont les premières victimes."
Pour ceux qui voudraient des détails de la nouvelle stratégie, la méthode s'articulerait autour de trois axes : une analyse comparée avec ce qui se fait chez les partenaires européens de la France, une étude d'impact économique et social sur les filières françaises et un chiffrage du bénéfice attendu. Traduisons : nivellement par le bas, moratoire comme s'il n'y avait pas urgence alors même que la France est sous la menace d'une amende européenne de plus de 28 millions d'euros pour non-respect de la directive eau (cf article :Environnement : Nicolas Sarkozy lève le masque), et principe de rentabilité avant toute autre préoccupation comme si la préoccupation écologique était compatible avec l'agriculture intensive.
La FNSEA a réussi son travail de lobbying passéiste, productiviste et sans ambition. La préoccupation électoraliste et populiste à court terme ont prévalu. Quelle grandeur!

Mais que pouvait attendre d'un homme qui déclarait à New York devant les caméras du monde en septembre dernier :" Le monde va à sa perte si on continue à émettre du carbone qui crée un trou dans la couche d'ozone et qui brise les équilibres de la planète"...

En conclusion de son article André Gorz opposait les devises de deux société, la nôtre et celle qu'il appelait de ses vœux: "La devise de cette société (marchande) pourrait être : Ce qui est bon pour tous ne vaut rien. Tu ne seras respectable que si tu as " mieux " que les autres. Or c’est l’inverse qu’il faut affirmer pour rompre avec l’idéologie de la croissance : Seul est digne de toi ce qui est bon pour tous. Seul mérite d’être produit ce qui ne privilégie ni n’abaisse personne."
André Gorz écrivait cela dans la revue "Les Temps Modernes" en 1974. André Gorz était un grand homme.

lundi 8 mars 2010

Journée de la femme


Quel meilleur titre, pour ce photomontage, que "le corset invisible", titre de l'ouvrage d'Eliette Abécassis et Caroline Bongrand? Constat amer de l'immense chemin à parcourir pour les femmes et critique de cette intériorisation de l'aliénation que constituent le culte de la maigreur, de la jeunesse, de la performance domestique, professionnelle, affective et sexuelle.

Olympe de Gouges, les suffragettes ou Simone de Beauvoir gagneront-elles un jour contre Cendrillon et son armée de Barbie?

vendredi 5 mars 2010



A l'heure où la France est traversée par les tempêtes et chutes de neiges il est surprenant de voir à quel point les hommes peuvent oublier que le monde dans lequel nous vivons est construit sur une nature impétueuse et sans égard. Ce "roseau pensant" se croit bien facilement chêne.

C'est l'occasion de relire un texte de Machiavel sur le hasard et la prévoyance :

"Je n’ignore point que bien des gens ont pensé et pensent encore que Dieu et la fortune régissent les choses de ce monde de telle manière que toute la prudence humaine ne peut en arrêter ni en régler le cours : d’où l’on peut conclure qu’il est inutile de s’en occuper avec tant de peine, et qu’il n’y a qu’à se soumettre et à laisser tout conduire par le sort. Cette opinion s’est surtout propagée de notre temps par une conséquence de cette variété de grands événements que nous avons cités, dont nous sommes encore témoins, et qu’il ne nous était pas possible de prévoir - aussi suis-je assez enclin à la partager.

Néanmoins, ne pouvant admettre que notre libre arbitre soit réduit à rien, j’imagine qu’il peut être vrai que la fortune dispose de la moitié de nos actions, mais qu’elle en laisse à peu près l’autre moitié en notre pouvoir. Je la compare à un fleuve impétueux qui, lorsqu’il déborde, inonde les plaines, renverse les arbres et les édifices, enlève les terres d’un côté et les emporte vers un autre : tout fuit devant ses ravages, tout cède à sa fureur ; rien n’y peut mettre obstacle. Cependant, et quelque redoutable qu’il soit, les hommes ne laissent pas, lorsque l’orage a cessé, de chercher à pouvoir s’en garantir par des digues, des chaussées et autres travaux ; en sorte que, de nouvelles crues survenant, les eaux se trouvent contenues dans un canal, et ne puissent plus se répandre avec autant de liberté et causer d’aussi grands ravages. Il en est de même de la fortune, qui montre surtout son pouvoir là où aucune résistance n’a été préparée, et porte ses fureurs là où elle sait qu’il n’y a point d’obstacle disposé pour l’arrêter.
"

C'est compris messieurs les maires, constructeurs immobiliers et tous les critiques des décisions du Conservatoire du Littoral?