vendredi 29 janvier 2010

Esthétique de l'existence



Quelque part Pierre Hadot, esprit sensible à l'idée d'art de vivre, écrit : "Une expression plotinienne symbolise bien cette finalité des exercices spirituels, cette quête de la réalisation de soi : sculpter sa propre statue. Elle est d’ailleurs souvent mal comprise, car on s’imagine facilement que cette expression correspond à une sorte d’esthétisme moral ; elle signifierait : prendre une pose, choisir une attitude, se composer un personnage. En fait il n’en est rien. Pour les Anciens, en effet, la sculpture était un art qui "enlève" par opposition à la peinture qui est un art qui "ajoute" : la statue préexiste dans le bloc de marbre et il suffit d’enlever le superflu pour la faire apparaître. Cette représentation est commune à toutes les écoles philosophiques : l’homme est malheureux parce qu’il est l’esclave des passions, c’est-à-dire qu’il désire des choses qui peuvent lui échapper, parce qu’elles lui sont extérieures, étrangères, superflues. Le bonheur consiste donc dans l’indépendance, la liberté, l’autonomie, c’est-à-dire dans le retour à l’essentiel, à ce qui est véritablement "nous-mêmes" et à ce qui dépend de nous."

Que dire de plus? Que les œuvres d'art des musées ne sont que la partie émergée et secondaire de l'art. Qu'il serait bon de ne pas oublier ce que la sagesse antique a pu produire.Et qu'il serait temps de songer à ce que les prochaines générations penseront de nous.

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